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    Le.s Transsaharien.s

    Au début du XXè siècle, le chemin de fer était l'outil moderne du développement commercial et devait être le parachèvement de la colonisation africaine. Ainsi on ne pouvait pas "développer nos colonies" sans un mode de transport moderne pour les hommes et surtout les marchandises. Nombre d'ingénieurs et de politiciens se sont donc encouragés mutuellement à mettre en œuvre une voie ferrée traversant l'Afrique et en particulier le Sahara, terre de conquête des français. Mais à force de tergiversations, seuls des tronçons de-ci de-là furent construits, comme si le souvenir de la mission Flatters, décimée en 1881 dans le sud Algérien, le laissa à jamais à quai.en, le laissa à jamais à quai.

    L’objectif premier était de relier Alger à la boucle du Niger d’une part et au lac Tchad de l’autre, terres promises à un gros développement agricole, et surtout toujours en territoires français. En 1879, le gouvernement français étant favorable à la construction du Transsaharien, trois missions furent chargées étudier le tracé de cette voie ferrée : la mission Pouyanne opéra dans le Sud-Oranais, la mission Choisy dans la région de Biskra-El Golea, la mission Flatters étudia le tracé Ouargla au Soudan et fut arrêtée aux Ajjers par l’hostilité des Touaregs. La deuxième mission Flatters partit en 1880 avec le même but, son massacre par les Touaregs dans les contreforts du Hoggar rejeta dans un avenir lointain toute réalisation du Transsaharien.

    L'Ighazer et In Gall en particulier, auraient put être pour le transsaharien un très important point de passage et de bifurcation vers le Tchad, sans doute même au détriment d'Agadez, comme le signale Bergé dans son plébiscite pour le rayonnement du drapeau dans les colonies en 1912. Il faut dire qu'à cette époque, In Gall est sans doute aussi grand qu'Agadez, mais ne jouissant pas de la même réputation. 1912 fut aussi l'année de la mission Transafricain menée par le Capitaine Nieger, qui traça le transsaharien entre Ighazer et Aïr sur un sol "moins douteux", préfigurant l'actuelle route de l'uranium. La première guerre mondiale repoussera les premières décisions, ensuite ce sera la compétition avec les automobiles dans les années 20, et lorsqu'une décision est enfin prise en 1927, c'est juste avant la grande crise. L'Ighazer ne connaîtra jamais le chemin de fer, In Gall restera isolée !

    En 1939 pourtant certain sont encore persuadé de la nécessité d’une telle infrastructure, à l’instar de Demoulin qui n’abdique pas, « la question en est restée là » sonnant comme une envie de voir rouvrir le dossier. Mais les crises financières, politiques et économiques ont fait ajourner tout projet depuis le début du XXè siècle.

    De la même manière les premiers tracés automobiles passeront par In Gall et l'Ighazer sur des terrains non accidentés et donc faciles à traverser, d'autant que les points d'eau réguliers ne manquent pas. Ce sera à la faveur du développement uranifère que le premier goudron sera finalement construit entre Aïr et Ighazer, évitant In Gall, préférant desservir le village d'un ministre ! L'axe In Guezzam - In Gall - Tahoua restant un axe bien connu des contrebandiers.


     La voie aérienne

    Comme pour l'automobile, au sortir de la première guerre mondiale, les militaires démobilisés ou pas tentent l'aventure de la traversée du Sahara en partance de l'Algérie française vers la boucle du Niger puis vers le lac Tchad. L'un des premiers à tenter la grande traversée est le général Laperrine qui y laissera la vie. Le 18 février 1922, alors qu'il remplace au pied levé le général Nivelle pour un raid aérien d'une escadrille de Breguet, il est obligé de se poser en catastrophe dans le Tanezrouft. Après 13 jours, il meurt d'épuisement, son corps retrouvé sera inhumé à Tamanrasset près de celui de Charles de Foucauld autre grand saharien.

    La traversée su Sahara se fait en suivant les repères topographiques ainsi que les pistes qui commencent à se dessiner après les passages répétés des automobiles. Les balisages des routes, bidons et autres tas de pierres, vont servir également pour les avions tout comme les stations essence Shell qui ravitaillent les engins à moteur. Les premiers carnets de vol seront édités en 1935 par Shell et toutes les bonnes revues de mécanique saharienne. Les vols qui passent en Ighazer partent d'In Guezzam, se dirigent sur In Abangarit puis Tegidda n'Tesemt, In Gall et enfin Agadez, une étape de 4h30 environ. La poursuite de l'itinéraire se fait en direction de Zinder et Kano en passant par les falaises de Tiguidit et le puits d'Abalemma.

    En 1934, le couple Knight, à bord de leur monomoteur « Inch'Allah », fait la traversée saharienne pour le compte de Shell qui promeut ainsi ses stations qui jalonnent les grandes pistes transsahariennes, le compte rendu technique en sera édité dans plusieurs revues comme le Manche à balai ou l'Aérophile. Cette même année, s'organise les premières lignes régulières transsahariennes vers Cotonou puis Gao et enfin Zinder et le lac Tchad, avec la naissance en 1935 d'Air Afrique.

    En 1936, la piste aérienne ne passera plus par In Gall, de Tegidda n'Tesemt elle filera tout droit sur Agadez en suivant la piste auto passant par Fagoshia  et Tegidda n'Adrar. On peut camper à Tegidda n'Tesemt et dormir dans un hôtel à Agadez.


    Transahariens téméraires ...mancheabalai

    La connaissance de l'Afrique et de l'Ighazer, en particulier par les européens, se fit pas à pas. D'abord ce furent les militaires, puis les aventuriers et scientifiques.

    - 1903, reconnaissance à Agadez de août à septembre par le lieutenant Plomion&lt
    - 1905, reconnaissance à Agadez de août 1904 à juin 1905 par le lieutenant Jean Mission géologique en Aïr du professeur Chudeau
    - 1906, reconnaisssance en Azaoua et Azbin (Agadez) de juin à novembre 1906 par le lieutenant Garnier de la Roche
    - 1906-1909-1910, Mission du capitaine Cortier
    - 1906 reconnaissance en Azbin et Azaoua (Agadez) de août à novembre par le capitaine Laforge
    - 1906, reconnaissance en Azaoua de septembre à décembre par le capitaine Pasquier
    - 1906, reconnaissance en Azbin-Azaoua de octobre à décembre par le lieutenant-colonel Lamolle
    - 1907, le géologue Chudeau identifie des dinosaures au sud de Marandet
    - 1908, le lieutenant Sigonney fait jonction avec les troupes soudanaises à Agadez, et y séjourne dans ce poste du 10 au 17 septembre
    - 1910, reconnaissance effectuée par le capitaine Cottes, de l'infanterie coloniale, d'Agadez à Yat du 1er mars au 14 avril
    - 1911, reconnaissance d'Agadès à Tinkeouen du 25 août au 15 septembre 
    - 1912, Mission Transafricain du capitaine Nieger
    - 1914, mission de Frantz Zeltner en Aïr
    - 1914, le Capitaine Cortier découvre et décrit les salines de Tegidda n'Tessoumt
    - 1920, le corps du général Laperrine passe par In Gall à la suite de son terrible accident
    - 1930, Mlle Julia Wagner Jauregg traverse le Sahara jusqu'à Agadez en passant par Teggida et In-Gall
    - 1930, 4-5 mai, In Gall : la mission de Burthe d'Annelet en Afrique Centrale passe à In Gall
    - 1935, Mr and Mrs Knight traversent en avion le Sahara par Tegidda n'Tessoumt, In Gall et Agadez avec le soutien logistique des pompes Shell qui maillent l'ensemble du Sahara, récit dans la revue "Le manche à balai"
    - 1938, De Lyée de Belleau parcoure l'Afrique occidentale et conte son récit dans le journal La Croix, la même année, des anglais retente de battre le record de vitesse de Londres au Cap, une transafricaine passant en Ighazer, In Abangarit, Tegidda n'Tesemt puis Agadez.
    - 1950, le Commandant Brouin découvre le site d'Azelik et l'identifie à la Takedda de Ibn Batuta.
    - 1953 un officier de l'armée française, le lieutenant Prautois, chef du peloton méhariste d'Agadez, a trouvé des vestiges archéologiques de l'usinage des métaux sur le site de Marandet et a prélevé des échantillons pour Raymond Mauny, qui a publié une note sur Maranda/Marandet en 1953.


    Extrait de mission Burthe d'Annelet - Les Annales coloniales n°134

    Le Lieutenant-colonel de Burthe d'Annelet, chargé de mission par le ministre des Colonies et le Muséum national d'Histoire naturelle, dont nous avons annoncé l'arrivée à Agadez (Aïr) le 14 avril 1930 dernier et relaté l'intéressante tournée dans les sauvages et pittoresques Monts Baghizan, vient d'accomplir une nouvelle et importante étape du vaste programme qu'il poursuit depuis près de deux ans dans le Centre-Africain. Il a quitté Agadez le 4 mai à destination de Tahoua, passant par Assaouas (puits Friry en mortier de ciment armé), sur l'Irhazer d'Agadez, fleuve mort qui a 5 km de large et va se jeter dans l'Azaouak ; par Tadéras où le lieutenant Dufail a été tué par la foudre en 1927, et par ln Gall. Cette région pierreuse ou argileuse est semi-désertique et couverte d'une brousse clairsemée et rachitique.

    ln-Gall (alt. 470 m.), à 118 km. d'Agadez, dont il dépend, est un ancien poste militaire construit en 1917 et supprimé en 1927. C'est un lieu important par sa palmeraie, son village en banco d'environ 700 habitants, qui parlent le sonrhaï, ce qui prouve que le grand Empire Sonrhaï s'étendait jadis jusqu'à In Gall. C'est l'entrepôt et le centre du commerce du sel, provenant des salines de Téguidda n'Tésemt (82 km au Nord), dans une immense plaine de banco (argile) sans eau. Ces salines importantes, les seules, exploitées, donnent un sel de très bonne qualité, 200 tonnes environ, l'extraction de terre salée 600 tonnes. Enfin, In Gall se trouve sur la route automobilisable Tahoua- Tamanrasset (Hoggar), qui a été reconnue en mai 1927 jusqu'à ln Guezzam par l'actif commandant Rottier, qui s'est rencontré dans ce dernier endroit avec le capitaine Jean, commandant l'Annexe de Tamanrasset. Une piste auto relie également In Gall à Agadez.

    Après un séjour de 24 heures à In Gall, M. de Burthe d'Annelet a pris la direction du Sud, passant par Tadebout, où on est en train de forer un puits Friry ; Nouaggar, mare d'hivernage dans un beau Kori (lit de rivière temporaire), la plus durable de toute la région ; Bagam, autre vaste mare, où les Kel-Grcss abreuvent leurs nombreux troupeaux. Puis, par Effeinateuss, Inéfissaoua, en suivant une série de Koris presque ininterrompus, il est arrivé le. 7 juin à Tahoua (ait. 375 m.), à 426. km. d'Agadez, où il reçut le meilleur accueil des aimables lieutenants Mathey et Costerastc et de M. l'Administrateur en chef de Loppmot dont il fut l'hôte.

     


    Références

    Bergé J. 1912 – Le chemin de fer transafricain, Le Correspondant, p. 1097‑1130.
    Collectif 1935 – Guide du tourisme Automobile et aérien au Sahara, SHELL, .
    Demoulin F. 1939 – Les communications sahariennes. Voies d’empire, Annales de géographie, 48 (275), p. 481‑493.
    Knight 1935 – D’Angleterre au Niger à travers le Sahara, Le manche à balai, (23), p. 30‑33.
    Knight 1936 – Notes techniques sur le trajet aérien d’Alger à n’Guimi (Lac Tchad) par le Hoggar, Les amis du Sahara, (19), p. 9‑27.
    Knight 1937 – Notes techniques sur le trajet aérien d’Alger à n’Guimi (Lac Tchad) par le Hoggar, L’Aérophile, (3), p. 52‑55.
    Les Annales coloniales 1930 – La mission Burthe d’Annelet, Les annales coloniales, Année 31 (134).
    Nieger J. 1914 – Résultats scientifiques d’ensemble de la mission Transafricain, Bulletin de la société de géographie, (1), p. 6‑127.