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    Voyage et découverte de l'Afrique - Henrich Barth (1963)

    Les Ighdalen ou Eghedel forment une race fort curieuse ; ils sont de sang mêlé berbère et Sonrhaï, et leur type est particulièrement remarquable. Dès les premiers jours de mon arrivée à Agadès, lorsque je visitai l'erarar n'stakan, ou marché aux chameaux, les Ighdalen me frappèrent par l'originalité de leur physionomie. C'étaient des hommes hauts de taille et large de carrure, aux traits grossiers fortement accentués ; ils portaient les cheveux longs, leur couvrant le dos et le visage, au grand effroi des Touareg. Quelque temps après, je reçus, la visite d'un jeune homme fort intéressant, de cette tribu. Il avait la figure ronde et pleine, les traits agréables et fort réguliers ; les yeux noirs, beaux et pleins de vivacité, le teint olivâtre, à peine plus foncé que celui d'un Italien. Sa chevelure était noire, mais ne pendait pas librement, comme chez ses compatriotes ; longue d'environ quatre pouces, elle était, au contraire, hérissée et découpée en rond autour des oreilles, comme en forme de brosse. Ce jeune homme, doué d'un caractère entreprenant, était allé plusieurs fois à Sokoto. D'après ce que j'ai pu constater, les Ighdalen sont un dernier et faible débris de l'ancienne et célèbre tribu de Ghedala, quoique le nom paraisse être assez différent, au premier aspect. Le caractère tout particulier des Senhadja, auxquels appartenaient les Ghedala, força les meilleurs écrivains arabes de les séparer de la souche commune des Masigh pour les rattacher directement à la tribu des Himyariti. Les Ighdalen habitent principalement Ingal, Teghidda et les environs. Ingal est une petite ville située à quatre journées d'Agadès, sur la route de Sokoto. Teghidda est à trois journées d'Ingal et à cinq journées O.-S.-O. d'Agadès. Cette dernière localité offre un haut intérêt, comme étant, sans aucun doute, celle désignée sous le même nom, par Ebn Chaldoun et Ebn Batouta comme une petite ville agréable, construite en pierres rouges, située à l'est de Gogo, sur la route de l'Egypte, et se trouvant en union intime et en relations amicales avec les oasis septentrionales de Msab et de Ouarghela. Teghidda, qui était régie antérieurement par un chef berbère portant le titre de sultan, fut soumise pendant un certain temps à Gogo ou plutôt au royaume de Melle qui comprenait également, à la fin du quatorzième siècle, le territoire du Sonrhaï ; l'usage qui s'y fait également de la langue Sonrhaï, permet de faire remonter son origine à une colonisation, soit sous le règne de cet Askia, soit à une époque précédente. En tout cas, il n'est pas douteux que Mohammed Askia, lorsqu'il s'empara d'Agadès, ne prit également Teghidda qui se trouvait sur sa route. Au temps d'Ebn Batouta, Teghidda, ou TeKadda, était renommée pour ses mines de cuivre, dont les produits étaient exportés jusqu'aux pays de Gober et de Bornou ; aujourd'hui, au contraire, pour autant que j'ai pu m'en renseigner, il ne reste aucune trace de l'existence de ces mines ; toutefois je constatai que les étriers et une grande partie du harnachement des chevaux étaient de cuivre. Par contre, on récolte aussi bien à Teghidda qu'à Ingal, d'excellent sel de couleur rouge (dja n'ghischeri), qui surpasse de beaucoup en qualité celui de Bilma.